SKI-BATEAU : ISLAND

L’Islande : La nature à l’état brut !

Le groupe de skieurs est confortablement installé dans le carré central de la Louise, les parties de cartes s’enchaînent avec autant d’enthousiasme et de ferveur qu’un samedi soir de concours de belote dans les Aravis. Ce soir, l’ambiance est aux extrêmes, tant à l’intérieur du bateau qu’à l’extérieur où la nature se déchaîne ! Seuls les rires parviennent parfois à couvrir le clapos des vagues qui frappent la coque et le vent qui hurle dans les voiles de la goélette à la coque jaune de Thierry Dubois. D’ailleurs, aux fourneaux en cuisine, il nous prépare le repas de ce soir, qui s’avère être un véritable délice. Je l’observe, et cela me rassure… Rien ne semble le perturber ; il semble parfaitement habitué à tous ces bruits. Ce vieux loup de mer… Il connaît son bateau sur le bout des doigts, l’ayant dessiné et construit lui-même. Il a déjà testé ce mouillage maintes fois, connaissant la nature du sol (sableux…), sa profondeur (8 mètres 50…) et la longueur de la chaîne d’ancre à mouiller pour retenir les 44 tonnes de la Louise, même avec des rafales de vent de Nord-Est à 40 nœuds. Alors, concentré et appliqué, il cuisine, et seules les prévisions météorologiques de la radio VHF et l’heure du repas pourront le déranger. Pour moi, les effluves culinaires qui chatouillent mes papilles sont un supplice. La journée a été éprouvante pour nous autres skieurs terriens. Juste à côté de moi, le poêle à gaz ronronne doucement, surmonté de sa bouilloire qui déborde parfois lorsque le bateau gîte, ajoutant ainsi chaleur et vapeur à l’atmosphère. La lumière tamisée, pour économiser les batteries, crée une ambiance unique. Quelle chance de vivre une telle aventure dans des conditions si accueillantes, dans un coin aussi reculé de la planète !

Géographiquement, nous nous trouvons à Sópandi, dans le Lónafjördur, au Nord-Ouest de l’Islande. Nous avons embarqué le 10 mars 2024 à Isfjördur, il y a déjà trois jours, sous un ciel radieux, promettant une nuit claire et froide sans vent. Au réveil, la mer était gelée près du rivage et au fond du fjord… Cette nuit-là, les aurores boréales étaient également au rendez-vous. Ce sera notre seule et unique période de météorologie calme du séjour… Mais l’aventure réside ailleurs, et les éléments de cette nature étonnante ne nous décevront pas !

L’Islande est une île volcanique, nichée au beau milieu de l’Atlantique Nord, là où les dépressions océaniques ne font que passer et se succéder sans laisser beaucoup de place aux ciels dégagés… Le vent est une constante, et la neige abondante est régulièrement transportée. Les rebords rocheux sont dénudés, la glace y est parfois apparente, mais les skieurs trouveront toujours des petits vallons, des talwegs où la neige est un plaisir à skier. Les pentes sont soit abruptes, soit douces, et les plateaux se succèdent jusqu’aux larges sommets des montagnes, culminant entre 700 et 900 mètres d’altitude. Dans cet environnement, avec des conditions de visibilité souvent limitées voire inexistantes, et des cartes imprécises, l’orientation devient alors un exercice passionnant, faisant appel à tous les sens et à l’expérience du guide. J’ai pris énormément de plaisir à guider mon groupe dans ces traversées. Mises bout à bout, elles ont fini par former un raid itinérant très enrichissant. Les paysages sont magnifiques, et le vent chasse toujours les nuages à un moment ou à un autre, offrant une éclaircie, une fenêtre sur le paysage… Un moment de répit pour faire le point sur la navigation et savourer cette communion avec la nature. On pourrait presque devenir philosophe en skiant dans ces contrées reculées !

Ce voyage a été une aventure à la Jules Verne, un voyage au centre de la terre, là où les éléments naturels rayonnent et expriment toute leur puissance, nous rappelant notre condition humaine de vulnérabilité. Ce séjour a été intense, et l’équipe a été solide. Je ne pourrai jamais assez remercier tous les membres du groupe pour leur adaptation aisée aux conditions climatiques rencontrées. Vous étiez bien préparés, et votre mental était redoutable. Je suis fier de vous avoir guidés en ces lieux, et heureux d’avoir été l’artisan de cette aventure sportive et humaine.

Alors, MERCI Christel, Isabelle, Nicolas, Bertrand, Robin, Bertrand, Gabriel et Lucie.

SKI-BATEAU : GROENLAND

Il est très difficile de résumer une telle aventure, mais je vais synthétiser au mieux afin d’épargner à vos yeux des heures de lecture.

C’était un rêve d’enfance, et je ne remercierai jamais assez Lionel, toute l’équipe ainsi que ma famille de m’avoir permis de le réaliser. Je peux vous dire que, chose rare, la réalité dépasse le rêve !

Le Groenland, c’est littéralement le bout du monde. On y arrive à bord d’un petit avion, et cela nous offre déjà un émerveillement sans limite, le cœur serré et des étoiles plein les yeux : on survole la banquise, se mélangeant aux glaciers entrecoupés de fjords d’un bleu profond, et il est impossible de détacher les yeux de cette immensité qui semble irréelle tant qu’infinie. Notre âme d’enfant en éveil, on se sent dans la peau des premiers explorateurs. Nous atterrissons à Nuuk, une capitale atypique : la modernité au bout du monde. Les immeubles côtoient les montagnes et la mer dans un mélange étonnant. Nous trouvons ensuite la Louise, notre maison pour les 10 prochains jours. Il s’agit d’une magnifique goélette jaune, construite par son sympathique capitaine Thierry (dont il faut louer les qualités humaines et professionnelles), secondé par Dédé, un marin pêcheur breton aussi sympathique que rigoureux.

Impossible de raconter tout ce que nous avons vécu en 10 jours. C’est une pause hors du temps, au bout du monde, sans réseau. Pause accompagnée d’une équipe incroyable, composée de joyeux sportifs aux parcours hétéroclites et tellement intéressants ! (Saluons les blagues de Bernard qu’il me faudra malheureusement garder secrètes.) Le Groenland à bord de la Louise, c’est monter sur un iceberg et trinquer avec ses morceaux ! (Véridique !) C’est voir des glaciers immenses dont les langues abruptes se brisent dans une mer d’un bleu profond. C’est également la pêche sur le pont, avec une vue inégalable et un sentiment d’isolement incroyable. C’est se sentir perdu dans une immensité en bleu et blanc ! Mais n’oublions pas, c’est aussi le ski !! Les grandes faces vierges et immaculées, les pentes rêvées, et même des premières ouvertures de couloirs (et oui!) ! De la neige partout, des virages cartes postales surplombant la mer digne des plus belles photos de magazines ! Incroyable, cette sensation de skier face à une peinture : une mer bleu foncé contrastée par le scintillement magique des icebergs. Ici, la nature dépasse inévitablement l’art. Les itinéraires sont vastes et sauvages : rien en vue si ce n’est des montagnes à perte de vue qui se succèdent à l’infini à la calotte glaciaire.

Alors merci. Merci Lionel pour ta passion, ton partage sans limite et ton expérience nous ayant emmenés dans des itinéraires incroyables et en sécurité. Merci la Louise, Thierry et Dédé pour votre accueil, expérience sans limite et bonne humeur (les blagues de Thierry resteront également de l’ordre du secret…). Merci au groupe pour leur sourire, blagues et gentillesse sans fin (immense Big up à Christel pour la logistique bagage et l’altruisme qui va avec!)

Vous l’aurez compris, impossible de décrire le Groenland car la beauté dépasse l’imagination, alors allez-y !!

Agatha GINET,  mai 2022

PRÉLUDE A L’HIVER 2021

Voici une suite de notes, ou plutôt de mots improvisés, en réponse à ceux qui ont partagé avec moi un après-midi de formation « neige et sécurité », pour se mettre dans le ton de l’hiver, se chauffer la voix ou plutôt les neurones avant les cuisses et sortir nos instruments (pelle, sonde, DVA), avant les skis, pour évitez à tout prix l’avalanche.

En piste pour un slalom de réflexions pour progresser et mieux prendre les virages.

Tout d’abord, pour savoir dans quoi l’on s’engage et pour bien choisir son itinéraire, il faut :

SAVOIR ÉVALUER LE NIVEAU DE RISQUE :

C’est relativement complexe. Cela demande nécessairement d’y consacrer du temps, de se former et d’emmagasiner progressivement beaucoup d’expérience. Il ne faut pas brûler les étapes sous peine de prise de risques, souvent d’ailleurs inconsciemment. La montagne en hiver est un milieu hostile, particulièrement complexe à déchiffrer. Les chamois, qui passent nuits et jours dans la neige, sont aguerris à ce milieu. Et pourtant, ne paient-t-ils pas un lourd tribu à l’hiver ?

Le paramètre d’évaluation du danger d’avalanche peut être résumé de la façon suivante : retenez déjà simplement les trois points suivants…

  • Préparez en amont votre sortie en vous informant sur les conditions : lisez le BERA, prenez l’avis d’un professionnel…
  • Continuez sur le terrain à chercher les signes d’instabilité du manteau neigeux. Traquez les couches fragiles permanentes ou temporaires, observez l’environnement et les avalanches récentes, cherchez les indices laissés par la météo des jours précédents. Attachez de l’importance à tout ce qui pourrait amener à une augmentation du niveau de risques (augmentation de température,  transport par le vent, précipitations, etc.).
  • N’hésitez pas à creuser pour analyser les différentes couches du manteau neigeux, planter le bâton, la sonde au bruit, faites des coupes, des tests de résistance… Un minimum de connaissances en nivologie est donc nécessaire ! Surtout en début d’hiver sur des neiges dites « sèches » !

Sans ce savoir-faire et les connaissances associées, vous êtes limitez à rester sur des itinéraires classiques inférieurs à 30° de pente, ou alors, à engager un guide de haute montagne. Il gérera la sécurité et choisira l’objectif en fonction du niveau des participants et des conditions du moment. C’est souvent l’occasion pour vous d’élargir votre terrain de jeu et toujours une occasion de partager ses connaissances. Sachez toutefois que le risque zéro n’existe pas, surtout en montagne, et que quand la montagne est dangereuse, il est conseillé de renoncer et prudent de reporter… Même avec un guide !

Alors dans ces conditions, comment pratiquer la montagne hivernale avec un maximum de sécurité :

ÉQUIPEZ-VOUS OBLIGATOIREMENT DU MATÉRIEL DE SÉCURITÉ :

Soyez équipé du triptyque DVA pelle sonde et entraînez vous à leur utilisation.

« Plus l’on est entraîné et plus l’on a des réflexes qui permettront de gérer une situation sans tomber dans un état de sidération qui empêcherait d’agir… »

Cette entraînement est primordial, mais j’attire votre attention sur le fait que la recherche DVA n’est pas la phase la plus chronophage et qu’il y a aussi beaucoup de temps à gagner sur les autres phases, comme le pelletage ou encore l’organisation du secours.

REPARTISSEZ-VOUS LES TÂCHES D’UNE OPÉRATION DE SECOURS  :

« Et cela avant que ça n’arrive… ! »

La répartition des tâches est primordiale pour ne pas perdre de temps en cas d’accident.

Personnellement, je distribue les rôles à chacun des participants avant le départ en même temps que l’on fait la vérification du fonctionnement des DVA. Cela permet de rappeler les éléments clés d’une opération de secours et tout le monde sera retenir quelle était la tâche donnée à celui qui a été enseveli, il sera alors remplacer aisément. La perte de temps est toujours très importante au démarrage des opérations, plus vite elle débute, plus vite la victime sera retrouvée et prise en charge par le médecin.

PRENEZ TOUTES LES PRÉCAUTIONS POUR ÉVITER À TOUT PRIX UNE AVALANCHE MULTI-VICTIMES :

Une avalanche multi-victimes est forcément plus complexe à gérer et très souvent meurtrière. Ici se pose la question de la taille du groupe. Par expérience, la taille idéale d’un groupe de skieur se situe entre 3 à 4 personnes et 6 à 7 personnes au maximum. Cela dépend de l’itinéraire, de sa difficulté et du niveau des participants.

Gérez le franchissement des passages dangereux sur le terrain de la façon suivante :

  • Prenez des « distances de sécurité » pour franchir à ski les passages délicats.
  • Installez une vigie pour surveiller.
  • Utilisez la corde au départ d’un col ou d’une arête (lors de présence de corniches par exemple).

DIFFÉRENTES TÂCHES D’UNE OPÉRATION DE SECOURS AVALANCHE

Alors après tout ce préambule, voici les différentes tâches par ordre chronologique, réparties entre toutes les personnes d’un groupe de skieurs de randonnée. Si les rôles sont bien définis, certaines tâches peuvent être  réalisées simultanément ce qui est encore mieux :

  • (se mettre à l’abri, mais vous êtes sensé l’être, si vous avez respecté les distances de sécurité et les regroupements dans des zones sécurisées).
  1. ALERTER IMMÉDIATEMENT LES SECOURS, faites le 112 ou le 15 : Message d’alerte : votre nom, prénom, numéro de téléphone, lieu exact  de l’accident, les circonstances… AVALANCHES… nombre de victimes, où en est-on dans la recherche DVA… pour vous rassurer un dialogue s’installe avec le médecin régulateur.
  2. PASSER TOUS LES DVA DU GROUPE EN POSITION RECHERCHE et ceci jusqu’à obtenir plus aucun bruit (la personne qui part faire la recherche prend en charge cette opération).
  3. RECHERCHER AVEC LE DVA : Recherche primaire jusqu’au 1er bip (avec les skis), secondaire jusqu’à la zone de recherche finale (avec ou sans les skis), puis enfin la recherche finale avec sondage.
  4. PRÉPARER PELLE, SONDES et des couvertures de survie (tâche réalisée par tout le monde, à l’exception de celui qui recherche et de celui qui passe l’alerte, éventuellement sur un « gros » groupe de celui qui veille au sur-accident)
  5. PELLETER : Une fois la victime localisée, procéder à l’opération de pelletage en V avec rotations régulières. Création d’une plateforme afin de mobiliser le moins possible la victime. Penser à l’isoler pour lutter contre l’hypothermie…
  6. RÉALISER LES GESTES DE PREMIERS SECOURS : en présence du médecin si l’alerte a été donnée très rapidement, si la météo est clémente, etc.

« Un avalanché est toujours une situation grave, une personne qui nécessite d’être hospitalisée, ne serait-ce que pour la surveiller ».

Alors vu que tout se joue dans les premières minutes il faut bien retenir ces 6 points clés ci-dessus et s’entraîner, même si parfois cela semble acquis ou rébarbatif. Tout cela pour que la montagne reste un plaisir et éviter les drames. Je fais ici un petit clin d’œil à notre étoile, Loïc notre guidos…
Sur ces bons conseils, bonne saison et soyez prudents.

Lionel

Norvège : Alpes de Lyngen

Lionel et Pascal sont complices depuis de nombreuses années. Ce voyage est une belle opportunité pour partager avec eux une aventure inédite. Les Alpes de Lyngen possèdent d’innombrables possibilités de randonnées à ski. Le dépaysement est total dans ce décor « Grand Nord » avec des vues sur la mer qui tranchent avec nos habitudes alpines. Au delà du relief, et de la qualité de neige, qui nous permettent de signer de belles traces, c’est sur le bateau qu’il règne une ambiance toute particulière. Bernard, le capitaine, assisté de son équipage, oeuvrent du matin au soir pour la réussite de notre séjour. L’Isbjorn sera notre refuge, notre table, notre bateau… Nous l’apprécions au retour de course pour passer de bonnes nuits de repos, bercées par le clapot sur sa coque en bois.

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