Un instant hors du temps, entre chaleur du refuge et majesté des montagnes enneigées !
Mardi 16 juin 2015, refuge d’hiver de Vernagthütte à 2766 mètres d’altitude : un moment d’existence au cœur de l’Ötztal (Tyrol, Autriche) :
Le poêle ronronne et donne à la pièce une ambiance chaleureuse que nous avons du mal à imaginer quitter un jour… Nous y sommes, ma foi, confortablement installés. Par les petites fenêtres, on peut apercevoir la neige tomber. Depuis ce matin, la pluie, qui nous avait déjà accompagnés toute la journée d’hier, a laissé place à de gros flocons qui donnent au paysage ce mode hors du temps en noir et blanc. Les moutons se sont rapprochés du refuge, et leurs sonnailles composent le fond sonore du décor.
Notre principale préoccupation est de mettre du bois dans le poêle, histoire d’entendre la plaque de fonte se dilater, tintinnabuler, et faire frémir l’eau de la bouilloire. Il s’échappe de son couvercle des fumerolles de vapeur qui filtrent à travers la lumière de la fenêtre. Les gourdes seront bientôt prêtes. Il nous faut être prêts… Veiller l’éclaircie, interpréter les nuages qui se déchirent… Et puis enfin sortir, pour le moral.
Sortir, prendre la température et s’immerger dans l’atmosphère duveteuse du brouillard qui laisse divaguer l’imagination sur les montagnes environnantes. Plus haut, sur le glacier : où se trouve le col ? Où sont les crevasses ? Les pentes débonnaires paraissent raides ! Seule certitude : celle de notre trace profonde dans la neige humide que personne, pas même le vent, ne pourra effacer…
Nous pénétrerons dans cet univers de « haute montagne » jusqu’à plus faim, jusqu’à ce qu’il soit temps de faire demi-tour. Par prudence, parce que « notre cabane », notre chez-nous, nous attend. Il nous faut remettre du bois dans le feu.
Ce séjour commence à un rythme irréel. Sommes-nous hors du temps… ou dans le temps ? En tout cas, à l’écoute de la nature. Elle nous impose son rythme. À quoi bon se battre… ? Le soleil finira bien par chasser les nuages afin que nous puissions voir l’endroit du décor.
En attendant, c’est pour Rémy, Victor et moi un luxe de prendre le temps jusqu’à l’ennui, espérer jusqu’à désespérer, dormir, encore dormir jusqu’à ne plus avoir sommeil. Vous imaginez la pause… la super pause… (Superpoze… Écoutez la musique ci-dessous) et regardez la suite en image : la nature est toujours généreuse et sûrement plus belle quand on connaît l’envers du décor !